
Livreur.euses à vélo: Paris doit agir pour garantir des conditions de travail dignes et lutter contre l'irrespect des plateformes
La livraison est devenue une activité majeure des grandes villes, déjà avec le e-commerce il y a dix ans et singulièrement depuis 2020 et la pandémie de Covid-19.
Peu régulée, la livraison a donné lieu à un far west où règne la loi du plus fort et où des règles élémentaires de droit du travail sont bafouées.
À qui la faute?
À des acteurs prédateurs, multinationaux, plateformes numériques, qui utilisent les faiblesses de notre réglementation pour maximiser leurs profits. En faisant des livreurs - leur rémunération, leurs conditions de travail - une simple variable d'ajustement.
Et pourtant, nous pouvons agir. Il nous faut agir. Trois maître-mots: réguler, accompagner, responsabiliser.
Réguler d'abord. Des règles existent, mais certains se croient au-dessus: détention de licences, conditions de travail, etc. Notre modèle social place pourtant l'humain au centre. Aujourd'hui, ce principe est piétiné, en toute impunité — ou presque. Paris doit engager le rapport de force avec les plateformes pour que le droit du travail soit mieux respecté et que de vrais contrats de travail soient établis. Aujourd'hui, seulement 5% des livreurs sont salariés. 36% d'entre eux sont sans-papier et les modalités de travail établies par les plateformes ne leur permettent pas d'être régularisés. Les conditions de travail, le nombre d'heures et les modes de livraison génèrent des problèmes médicaux importants pour les livreurs, qui ne sont pas pris en charge par les plateformes. La Ville de Paris peut établir de nouvelles règles vis-à-vis des plateformes pour que cesse cette situation inacceptable.
Nous amplifierons les contrôles des plateformes et nous soutiendrons les démarches contentieuses contre l'ubérisation et la précarisation des chauffeurs-livreurs. Grâce à nos achats publics, nous encouragerons des pratiques vertueuses - décarbonées et socialement responsables.
Accompagner ensuite: les initiatives se sont multiplées au cours des dernières années pour bâtir des modèles d'entreprise de livraisons justes, respectueuses de leur environnement ainsi que des femmes et des hommes qu'elles emploient. Nous pouvons labelliser les entreprises de livraison à l'aune de critères sociaux, économiques et environnementaux; et en développant une plateforme numérique made in Paris : cette plateforme mettra en relation commerçants/ artisans, consommateurs et utilisateurs. Elle jouera ainsi comme un tiers de confiance pour chacune des parties, garantissant ainsi la poursuite d'un intérêt collectif qui fait aujourd'hui défaut au système. Elle encouragera ainsi des pratiques de consommations différentes auprès des citoyens- consommateurs que nous sommes. (Ndr: Un Yuka de la livraison en somme!)
Transformer enfin car il faut que la ville s'adapte aussi à cette nouvelle réalité. Faute de le faire aujourd'hui, elle subit les nuisances générées par la désorganisation des flux - pollution, mésusages de l'espace public, incivilités, etc. Il ne faut pas s'y tromper: les premières victimes de ce système absurde sont d'abord les livreurs, travailleurs essentiels et invisibles dont les revendication ne sont pas entendues. Comment y remédier? Il faut agir à la racine, en relocalisant la fabrication et la production à Paris; et développer pour ce faire des sites adaptés à la production et à la livraison des marchandises.
Chacun de ces trois axes - réguler, accompagner et transformer -, nous les mettrons en place à Paris mais nous travaillerons aussi à les porter à l'échelle du Grand Paris. Les modes de livraison doivent être pensés pour ce périmètre, ainsi qu'un modèle social respectueux de tous les travailleurs qui font vivre cette métropole.
Marion Waller
Candidate à la primaire socialiste pour Paris