
C’est la fête des pères: célébrons la co-parentalité!
20 juin 2026
Faire des enfants est un choix intime mais aux conséquences profondément politiques. Derrière l’idéal romantique ou parental se cache une réalité têtue : ce sont encore les femmes qui paient le prix fort de la parentalité. Santé mentale dégradée, précarisation économique, carrières freinées, charge mentale invisible mais omniprésente : le coût est immense.
Face à ce déséquilibre structurel, pourrait-on rétablir l’équilibre au sein du couple au moment de l’arrivée d’un enfant, sans faire peser sur un seul parent la responsabilité de s’occuper des premiers mois de l’enfant qui vient de naître? Plus largement, pourrait-on formaliser a minima les conditions de la parentalité à travers un pacte de co-parentalité ? Non pas pour déshumaniser la relation parentale, mais au contraire pour la rendre plus juste, plus lucide, plus équitable.La parentalité est un contrat social implicite. Et il est urgent de le rendre explicite.
On parle beaucoup du contrat de mariage ou du PACS, mais très peu du "contrat" de parentalité. Pourtant, avoir un enfant engage deux adultes pour vingt ans minimum dans une organisation logistique, émotionnelle et financière extrêmement complexe. Et dans la grande majorité des cas, ce contrat reste flou, implicite, inégal.
Dès la grossesse, les dés sont pipés : suivi médical, épuisement, réduction du temps de travail, injonctions éducatives… Les femmes absorbent une charge démesurée, souvent dans le silence ou la culpabilité. Le "choix" de la maternité devient alors un levier d’inégalités durables. Pendant ce temps, nombre de pères continuent à bénéficier d’une image valorisante avec un investissement minimal : "présent" = "héroïque". Fruit d’une réelle conquête sociale, le congé maternité est venu prolonger cette inégalité de fait au fil du temps. Combien de femmes peuvent témoigner de l’impact sur leur carrière professionnelle, sur leur relation au travail de ce “congé” dont les répercussions restent longues et subies.
C’est la raison pour laquelle nous formulons deux propositions fortes, intimement liées par une même vision d’un équilibre retrouvé des deux parents face à la parentalité. Pour une approche solidaire de la coparentalité.
Un congé du deuxième parent, égal en durée et en statut à celui du premier, doit être mis en place pour éviter que les inégalités ne se creusent à la naissance. Paris pourra ainsi porter l’avant-garde sur ce sujet en France. Nous proposons que la Ville de Paris instaure ce congé deuxième parent égal pour tous.tes les employé.es municipaux.ales et qu’elle incite tous les grands employeurs de Paris, publics et privés, à en faire de même. Paris ouvrira la voie pour ce changement qui doit s’imposer à l’échelle nationale, condition de notre égalité.
Un pacte de co-parentalité doit également être scellé, qu’on soit en couple ou séparé. Ce n’est pas un gadget administratif mais un acte politique et préventif. Il permettrait de nommer les inégalités avant qu’elles ne se cristallisent, répartir les tâches parentales (nuit, rendez-vous médicaux, devoirs, lessives, courses, anniversaires, etc.) ou encore définir un partage du pouvoir au plan de la co-parentalité, sans que l’un·e soit relégué·e à l’intendance pendant que l’autre joue le "parent référent". Il créerait ainsi un cadre protecteur en cas de séparation, dans l’intérêt de l’enfant mais aussi du parent le plus exposé au déclassement (souvent la mère).
Souvent précurseur en matière d’égalité femmes hommes, le Québec, a récemment adopté une réforme majeure du droit de la famille avec l’introduction du régime d’union parentale, qui entrera en vigueur le 30 juin 2025. Cette initiative vise à offrir une protection juridique aux conjoints de fait qui deviennent parents d’un même enfant, en reconnaissant leur engagement parental sans qu’ils aient besoin de se marier ou de conclure une union civile. C’est un exemple des plus inspirants à l’heure où la baisse de la natalité fait peser un risque critique sur la soutenabilité de modèles sociaux.
La co-parentalité ne doit pas être un slogan vide. Elle suppose un partage réel du pouvoir, une mise à plat honnête des ressources de chacun·e, et un respect mutuel des engagements. Ce partage ne va pas de soi : il se construit, se négocie, se garantit.
Marion Waller
Candidate à la primaire socialiste pour Paris